Fièvre de cheval : antibiotique de choc

Auteur(s)
Isabelle Lucas-Baloup
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La Cour d'appel de Toulouse a prononcé, le 22 octobre 2002, un arrêt condamnant trois vétérinaires à réparer leur négligence ayant privé Harpale, un cheval en bonne santé et en bon état physique dit l'arrêt, d'une chance de survie, faute d'avoir entrepris un " traitement antibiotique de choc " pour tenter d'enrayer le début d'une toxi-infection dans les circonstances suivantes : le brave Harpale était atteint d'une cryptorchidie unilatérale, c'est-à-dire, précisent les juges, d'une malformation dans laquelle un testicule n'est pas à sa place et se trouve situé dans l'abdomen de l'animal, ce qui entraînait des " troubles de l'humeur et un caractère pouvant rendre le cheval méchant ", de sorte que l'intervention chirurgicale s'avérait indispensable. La castration dans l'abdomen par laparotomie a eu lieu ; le cheval est mort le lendemain et le rapport d'autopsie a conclu à une septicémie gangreneuse d'origine indéterminée.
L'expert a reproché aux vétérinaires de n'avoir pas évité l'infection par un traitement antibiotique à large spectre dès le début des symptômes (agitation, douleur et sueurs).
La propriétaire du canasson reprochait aux praticiens de ne pas l'avoir informée suffisamment sur les risques encourus par l'animal en raison des suites possibles de l'intervention.
Il s'agissait d'un éleveur professionnel et la Cour a souligné qu'elle ne prétendait pas dans ses écritures que, mieux informée des risques, elle n'aurait pas fait opérer Harpale. En revanche, sur le terrain de l'obligation contractuelle de moyens, la négligence dans le cadre de l'obligation de surveillance a été retenue par les magistrats, conduisant à une perte de chance de faire concourir l'animal, et d'en tirer un bénéfice, réparée par 5 000 €. Harpale n'aurait sûrement pas gagné le prix de Diane ou d'Amérique…
Conclusion : quand vous opérez un cheval, n'oubliez pas de murmurer à l'oreille de son propriétaire qu'il existe des risques et que ceux-ci sont majorés en cas de défaillance de la surveillance équine post-interventionnelle.

Source
Revue Hygiène en Milieu Hospitalier - Février 2003